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Habiter la Terre… Etats Unis
Arizona - Arcosanti
Erin nous fait explorer le laboratoire urbain d'Arcosanti, une ville du possible, au milieu du désert.
Jeudi 10 Juillet
Route vers le Nord.
"Space avalaible" : un panneau publicitaire vide, le long du freeway 10
qui remonte vers Phoenix. C'est sûr il y a de la place dans ce
pays ! Mais c'est justement bien la question et le problème
aujourd'hui. Les américains se sont installés partout, se
sont éparpillés.
Nous traversons Phoenix, une des villes américaines qui a connu
sur la dernière décennie la plus forte croissance (38%)
après Las Vegas (120 %). Beaucoup de retraités viennent
ici finir leur vie. S'il fait trop chaud en ce moment, l'hiver est un
vrai délice. C'est d'ailleurs un vrai problème en ce qui
concerne la consommation d'énergie. La ville est construite en
plein désert. Phoenix est un des coins les plus chauds des Etats
Unis. Aujourd'hui, le thermomètre vient de franchir la barre
symbolique des 100 degrès Fahrenheit (38° C). Mais il monte
beaucoup plus haut. Il y a dix jours, il faisait 45 °C. Le record
est 54°C… Les habitants ne font que passer d'un endroit
climatisé à un autre.
A la périphérie de la ville, au pied des collines
remplies de cactus, d'immenses zones de lotissements. Maisons toutes
similaires. Pierre et bois. Immense drapeau américain qui flotte
au vent. Juste à côté, la zone commerciale. Plus
loin, on construit en cadence de longues rangées d'immeubles en
bois, sur trois étages. Impressionnant. Les américains
sont les rois de la construction ossature bois
préfabriquée.
Break à Poor Red's, un bar de cow boy, à
côté du freeway. Long bar en bois, avec un vrai cow boy
d'un côté (qui nous prend pour des russes…!) et le
propriétaire obèse de l'autre (qui adore Aix en
Provence). Affiches du rodéo de Preston, le plus vieux
rodéo des Etats Unis. 500 dollars de récompense à
celui qui retrouvera "Shep", le petit chien de l'établissement,
perdu le 4 Juillet. Les chiens, c'est pas rien ici… La serveuse
- une fausse blonde avec deux seins comme des pastèques - vous
sert un hamburger grassouillet en faisant un clin d'oeil.
Comment répondre aux questions que pose l'urbanisme
américain dans le futur ? Une solution serait de casser la
dépendance à l'automobile. De regrouper lieu de vie et
lieu de travail. C'est ce qu'essaye de faire Paolo Soleri - architecte
italien, aujourd'hui âgé de 89 ans - au laboratoire urbain
d'Arcosanti, une ville prototype dans le désert de l'Arizona.
Nous faisons route vers Arcosanti.
A l'inverse des Earthships de Michael Reynolds à Taos, qui
gardent l'unité individuelle de la maison individuelle (disons
familiale), l'idée d'Arcosanti est de regrouper lieu de vie et
lieu de travail. Paolo Soleri a ainsi développé son
concept d'Arcology : architecture et écologie. Beau
programme… Qu'en est il ?
La voiture cahote sur une mauvaise piste qui file entre les
épineux. Vers le nord, le ciel est noir de nuages
menaçants. Mais Arcosanti est encore pour un temps au soleil.
Arcosanti… J'ai entendu parler de cette ville pour la
première fois il y a 15 ans… Depuis plusieurs
années je voulais venir voir ici ce qu'il en était
vraiment. D'abord pour observer cette curiosité architecturale,
cette ville née de rien au milieu du désert. Mais surtout
pour voir comment fonctionne ce laboratoire urbain. On parle d'une
ville, mais en fait il s'agit de l'ébauche d'une ville. Quand
elle sera terminée, elle pourra loger 1500 habitants, dans son
premier module. La ville est construite sur le rebord sud d'un petit
canyon. Quand on arrive par le plateau, on ne voit que le sommet
d'immenses constructions en béton, et la pointe des
cyprès (architecte italien oblige).
Parking un peu destroy. Les abords ne sont pas très attirants.
Puis on s'approche d'un grand bâtiment cubique. Les constructions
sont en béton brut, marqué par le temps. Une combinaison
de formes rondes et carrées. Arcosanti vit avec ses "workshops",
ateliers où s'inscrivent des gens du monde entier (en
majorité des étudiants). Ils passent ici quelques
semaines, puis parfois restent plusieurs mois. J'ai rendez vous avec
Erin. Seule habitante de la ville originaire d'Arizona, elle a
rencontré ici Matéo, un jeune italien. Je lui
emboîte le pas sur les allées en béton qui
zigzaguent entre les arbres.
"- Nous avons des oliviers, des figuiers, là bas il y a un abricotier."
Erin est contente de me montrer l'endroit où elle vit. Nous
approchons de ce que les habitants d'Arcosanti appellent "les
voûtes" : deux immenses voûtes en béton se
succédant, laissant la vue ouverte sur le canyon. L'air du
plateau traverse cet espace ouvert immense.
"- Tu vois ils ont construit cela en coulant les voûtes à
même le sol. Ensuite ils les ont assemblé avec d'immenses
grues.
- C'est étonnant comme le béton a un aspect vraiment brut, et parfois très décoré.
- On fait des sculptures en creux dans les moules, et comme
çà, une fois que le béton est pris, on a les
motifs en relief. Pour les couleurs, il faut saupoudrer le moule avec
du sable et des colorants, et les pigments s'infiltrent dans la couche
superficielle du béton."
Premières gouttes de pluie. Nous montons au sommet de cette
grande voûte, qui est l'espace central de la ville, une agora,
où se tiennent tous les jours les réunions de la
communauté, mais aussi concerts et performances diverses.
Arcosanti draine un public d'artistes, "d'excentiques" me disait le
propriétaire du Poor Red's tout à l'heure.
Les idées forces de l'architecte sont celles ci : "L'implosion
urbaine" : recréer une petite ville avec un espace central. Un
espace tridimensionnel, orienté piéton. Une utilisation
multi-tâche des bâtiments. Limiter l'impact sur
l'environnement rural (Arcosanti mange bio, en produisant
légumes et viandes dans une petite ferme adjacente). Un design
"intelligent" (?), frugal et efficace de la ville. Un centre où
se retrouvent les habitants, dans une agora moderne aux multiples
fonctions. Le désir de proposer une ville "durable".
Il n'empêche que la ville est loin d'être autonome en
énergie. Peu de panneaux solaires. Une petite éolienne
dans un coin, c'est tout. La ville est raccordée au
réseau électrique. L'idée d'utiliser la
ventilation naturelle ne semble pas fonctionner si bien que cela. Le
béton ne fait pas assez masse thermique. Il fait plus chaud
à l'intérieur des bâtiments qu'à
l'extérieur. Je vois des climatiseurs rajoutés à
postériori dans les huisseries des parties dédiées
à l'habitation, vraies verrues sur la peau de cette grande
carcasse.
Certains parlent d'utopie architecturale. Les habitants - bien
sûr - préfèrent parler de laboratoire urbain. Il
faut plutôt voir Arcosanti comme un prototype de ce que pourrait
être une alternative urbaine durable. Une ville
expérimentale.
Paolo Soleri est un architecte qui a eu de très nombreux
projets. Récemment encore, la Chine l'a contacté pour
développer un projet d'habitat collectif : il a dessiné
une ville faite de modules qui serpentent le long d'une rivière,
reliés par un transport collectif. Une ville sans voiture. Une
architecture moderne et organique. Au Japon, il a
décroché le premier prix pour une extension de la ville
de Tokyo, en proposant une version futuriste de ses villes verticales
à étages. Malheureusement juste avant la période
de récession contemporaine, et l'abandon des projets. Plus
récemment c'est un projet pour Abu Dhabi qui pourrait peut
être lui donner l'occasion d'expérimenter sa
théorie des "hyper-buildings".
Ses livres d'architectures sont pleins de dessins de ces villes du
futur. Hyper structures, sortes de vaisseaux spatiaux de science
fiction. Mégapoles de toutes formes. Tours de Babel de plus d'un
kilomètre de haut, où on peut choisir son climat de vie
en fonction de l'altitude à laquelle on habite…
Même une sorte de pont géant au dessus d'un canyon ou
d'une vallée entière, culminant à plus de 1000
mètres au dessus de la rivière et du paysage.
Retour à la réalité. Ici on mange de 19 heures
à 20 heures. Ensuite la caféteria ferme. Pas d'entorses
au réglement.
Chambre monacale, dans un bâtiment qui sert d'accueil pour les
visiteurs que nous sommes. Baie vitrée face aux rochers. Petits
carreaux de mosaïques. Araignées, grenouilles, scorpions.
Vendredi 11 Juillet
Il a plu toute la nuit.
Vers 6 heures, il y avait seulement le bruit de quelques insectes, et
les premiers oiseaux. Le canyon est tout calme. J'ai vu passer un
lapin. Je suis sûr que les indiens mangeaient des lapins…
Là haut les gens d'Arcosanti ont commencé à travailler. J'entends une disqueuse qui travaille le fer.
7 heures. Le petit déjeuner communautaire. Céréales. Café.
J'ai l'impression d'être revenu en fac. Cà
m'amuse/m'énerve toujours un peu cette attitude de
débarquer au petit déjeuner en ayant l'air d'avoir
passé la nuit dans une tornade. Comme pour se donner l'allure
qu'on vit quelque chose de fort à chaque instant ? Simple
négligence ? Bref… Je te raserai tout çà
moi (je rigole…).
Juste à côté du restaurant, une équipe du
workshop "maçonnerie" s'active autour d'une
bétonnière, pour élever un muret en parpaings
industriels, sous une véranda en grosses sections d'acier. Le
responsable de l'atelier fait le mélange, les
élèves posent le mortier.
"- Oui je suis là depuis plusieurs mois, çà me
plaît de vivre ici. ce qui est bien c'est de participer à
la construction, d'être impliqué dans le processus, en
même temps qu'on vient étudier les aspects plus
théoriques de l'architecture."
Les jeunes me racontent la manière dont ils viennent expérimenter ici le charme d'une ville piétonne.
"- Je trouve vraiment bien de pouvoir venir en cinq minutes de
l'endroit où on vit jusqu'à son lieu de travail, quel
confort !"
Je trouve çà amusant qu'ils viennent redécouvrir
la qualité de vie de certains centres anciens du vieux continent
Europe. Ce qui est expérimental ici, c'est finalement de
recréer une ville à l'échelle humaine.
Réapprendre à vivre ensemble. Témoignages qui en
disent long sur l'ampleur des dégâts que des
décennies d'urbanisme ont fait - et continuent à produire
- dans ce pays.
Nous filons à la fonderie. La fonderie est un point clé
d'Arcosanti. Il faut savoir que 95 % des ressources de la ville
proviennent de la fonte des cloches de Paolo Soleri. L'architecte s'est
pris de passion pour la céramique et le travail du bronze. A 89
ans, il continue dessiner des exemplaires uniques de cloches. Les
cloches c'est pas trop mon truc, mais eux en vendent pas mal. Certains
modèles - des compositions de plusieurs cloches
assemblées en mobiles - atteignent 10000 dollars. Vendues
à des particuliers, mais aussi à des hôtels, des
banques, des administrations.
L'atelier de fonderie est situé à l'abri d'une
voûte elle aussi orientée vers le sud. Les petits ateliers
sont disposés en arc de cercle sous la voûte. A
l'étage on devine deux appartements. Là aussi
l'idée de mélanger lieu de vie et lieu de travail. La
sensation générale donne l'effet d'être dans une
grotte contemporaine. Ce genre d'abri sous roche utilisé par les
hommes préhistoriques. D'ailleurs il y a le feu, là,
à plusieurs centaines de degrés, qui chauffe le bronze.
"- En hiver, le soleil rentre à l'intérieur jusqu'au fond
de l'atelier, c'est magnifique, il y a une lumière parfaite."
Casting de western pour cette tribu moderne de l'âge de bronze : le chef, le costaud, le gamin, la blonde.
Le chef, un grand gaillard au pas lent, cheveux lissés à l'arrière et catogan.
Le costaud, un moustachu à bandana et tatouage. T-shirt débardeur.
Le gamin, un étudiant blondinet, cheveux attachés en arrière lui aussi. Disciple du maître ?
La blonde, une rescapée du flower power. Habillée en
nombril. T-shirt noir moulant et jean délavé. Casque de
Dj vissé sur les oreilles.
Chacun s'active à sa tâche. Préparation des moules,
à base de sable compressé. Tout le monde donne un peu
l'impression d'avoir quelque chose à se reprocher. Comme une
punition. Peu de paroles. De temps en temps on sort de l'atelier pour
venir s'asseoir fumer une cigarette devant le paysage. Le chef a le
pouvoir du choix musical du fond sonore, qui sort de deux mauvais hauts
parleurs de voiture accrochés sous la voûte. La musique se
mêle au grondement de four.
Le mélange est presque prêt. Le chef fondeur a
vérifié la température. Le costaud et la blonde
enfilent leurs vêtements pour la coulée. Puis le chef
coupe l'alimentation du four. Un drôle de silence s'installe tout
à coup, qui va durer pendant toute l'opération. Une
longue pince métallique à deux poignées
opposées permet à deux personnes d'extraire le godet
rempli de bronze en fusion du four, et ensuite de l'approcher des
moules alignés au sol. Il faut ensuite, doucement, verser le
liquide brûlant dans les petits entonnoirs de sable qui vont le
guider à l'intérieur des moules. Les deux qui ne
manoeuvrent pas le godet restent à côté,
prêts à parer à toute défaillance. Une bonne
dizaine de moules, contenant quatre cloches chaque fois. Arcosanti
produit environ 100 cloches par semaine. Il faudra 45 minutes pour que
le liquide durcisse et refroidisse complètement. Nous
reviendrons filmer l'ouverture des moules.
Nous avons quitté la fonderie pour aller voir les appartements.
Je veux revoir aussi cet amphithéatre entraperçu hier
pendant l'orage. Deux filles font la pause sur les petites terrasses
entourées de béton brut. L'une est d'origine bulgare et
l'autre vient de New York. La New Yorkaise est une ancienne stagiaire.
"- Je suis venue faire un atelier d'agriculture. Ce qui
m'intéresse, c'est la permaculture, et j'aime bien Arcosanti,
parce qu'on a l'agriculture biologique ici. Oui, j'habite là
maintenant, c'est bien. Ce qui me plaît c'est aussi que la
population change en permanence."
La bulgare est elle aussi impliquée dans le projet agricole.
"- Nous avons construit un nouveau poulailler, et maintenant on produit
les oeufs pour toute la communauté. c'est un pas de plus vers
l'autonomie.
- On peut visiter votre appartement ?
- Oui, bien sûr."
J'emboîte le pas à la bulgare, qui file dans le salon.
L'appartement est un foutoir abominable. Petits espaces avec peu de
fenêtres. Salon donnant sur la baie vitrée,
occultée pour des raisons d'intimité, donc avec peu de
lumière. En haut il y a la cuisine, ouverte vers l'Ouest.
"- Il y a de superbes couchers de soleil depuis la cuisine, c'est vraiment beau !"
Les chambres, elles, donnent sur l'amphithéatre.
"- Mais il n'y a pas trop de bruit ?
- Il n'y a pas souvent des spectacles. C'est quand même génial d'habiter au dessus d'un amphithéatre, non ?"
Les appartements sont imbriqués les uns dans les autres, dans
des demi étages auxquels on accède par une volée
de marche. En bas, un espace communautaire, dont les baies
vitrées donnent dans l'amphithéatre. Deux gamins jouent
sur un vieux Mac pourri.
"- Il n'y a pas beaucoup d'enfants à Arcosanti, alors on est
obligés de vivre dans un monde d'adultes mais çà
nous convient."
Meeting de 11h30, juste avant le repas de midi. Sous les voûtes
centrales d'Arcosanti, au milieu des flaques d'eau. Un des adultes,
"manager" de la ville, caché derrière ses lunettes de
soleil, donne l'ordre du jour. Rotation des tâches. Appel
à volontaires pour l'organisation du prochain spectacle. Rappel
des recommandations sur le recyclage du verre. En face on fait semblant
d'être cool.
Puis on vient à négocier la "Noise Extension" : il va
peut être falloir ajuster le réglement intérieur si
le nombre de "Noise Extension" (autorisation exceptionnelle de faire du
bruit le soir) augmente comme c'est le cas depuis quelques semaines.
Moment un peu tendu. Enfin, une mamie poule, au visage buriné
par le soleil, habillée tout en blanc, sermone ses ouailles en
essayant de rester sympa et décontractée.
"- Les voitures, c'est une arme fatale, faites attention, je ne
voudrais pas qu'il y ait un accident. Je vous le répète,
faites attention quand vous êtes à l'arrière des
pick up.
- Les voitures, on ne peut pas dire que c'est une arme fatale, c'est un
outil" reprend le maître de séance. Puis tout le monde
freine tout à coup, avec forces de sourires, de regards et de
non dits, de peur de voir recommencer un vain débat. Raccourci
de la contradiction entre les moyens et la fin. Tout est dit. J'ai
l'impression d'avoir vécu cent fois cette scène…
Il est midi. Et comme vous le savez maintenant, votre fidèle
serviteur doit manger à heures relativement précises.
Nous filons au restaurant d'Arcosanti. Organic pizza, salades, tas de
légumes émincés. Thermos de café.
La caissière obèse s'emmêle les dreadlocks quand je
lui demande un reçu. Tout se bloque d'un coup. Cà
ralentit un peu la queue. J'adore observer ceux que j'appelle les
"crypto bab" en situation d'urgence… Ces moments où la
crispation intérieure ralentit les fonctions psycho motrices,
les perturbent, voire les inversent. Gestes incohérents. Rupture
du flux "normal" des choses. Dès qu'on sort un peu des clous,
c'est la cata. En face, une parfaite maîtrise des techniques de
respiration - acquise grâce à l'expérience du
terrain - permet un instant d'éviter le pire, c'est à
dire la surchauffe.
C'est marrant comme parfois les gens qui paraissent les plus rebelles
sont en réalité les plus conformistes. Je veux dire que
cette sensation d'appartenir à une tribu produit une attitude
d'intolérance à l'égard de ceux qui n'en font pas
partie. Ceci dit, c'est vrai qu'avec ma brosse, je dois passer pour un
vétéran d'Irak reconverti en paparazzi…
Après le repas, pris en commun (enfin… en petits groupes
éclatés, on n'est pas au monastère quand
même) dans la cafeteria libre service, nous filons faire des
images extérieures de la ville. Prendre un peu de recul.
Toujours…
Un petit sentier qui monte entre les pierres permet d'accéder
à un beau point de vue depuis l'autre rive du canyon. D'ici on
voit bien l'alignement des bâtiments sur le rebord du plateau. A
droite la piscine, et le futur chantier en cours : de nouvelles
chambres pour les invités. Une grue hors d'âge attend des
volontaires.
Il va falloir encore beaucoup d'argent et de temps pour terminer cette
forme vivante d'utopie architecturale des années 70, aujourd'hui
à moitié construite, à moitié
abandonnée… La ville me fait penser tout à coup
à ces grands navires qui prennent l'eau un peu partout mais qui
continuent à naviguer. De ces cargos qui chargent les
marchandises pour un tour du monde. Dont l'équipage est fait
à la fois de marins qui ont tout vécu, et de moussaillons
découvrant le grand large. Les premiers ont les gestes
calculés et le regard loin vers l'horizon. Les seconds l'ardeur
de la jeunesse, et l'innocence d'avant les premières grosses
tempêtes.
=:-)
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