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Habiter la terre… Chine ! - Grande Muraille

Voyage en Chine
Septembre - Octobre 2007


Grande Muraille


Lundi 1 Octobre

Airbus A 330 de la China Eastern, de Shanghai à Pékin. Deux heures de vol. Je rattrape le retard de mon journal de bord, coincé entre un adolescent boutonneux qui pue des baskets et un nouveau riche qui s'assoupit derrière ses lunettes de soleil, les oreillettes de son iPod shuffle vissées dans les oreilles.

Une heure et demie de taxi pour rejoindre Badaling, au pied d'un des secteurs de la Grande Muraille.
Une porte grillagée, un personnel looké. Tenus noires, avec étoiles rouge. La "commune de la grande muraille". La chine a décidé de faire ici une vitrine de l'habitat contemporain. Elle a convoqué 15 architectes du monde entier. Ils ont chacun construit une maison. 30 hectares de forêt préservées, à deux pas de la Grande Muraille de Chine. Destinées au départ à être vendues, les maisons sont aujourd'hui devenues des résidences pour millionnaires.

Rencontre avec Antonio, qui a construit "Cantilever House". Antonio est architecte d'origine vénézuelienne, mais il vit en Chine depuis 15 ans, son frère depuis 30 ans. Nous approchons de Cantilever House. Vue du dessous, il n'y a qu'une façade, de bois et de verre, qui sort de la forêt. Les pentes de la montagne sont raides, alors la maison fait l'effet d'une sorte de terrasse géante qui s'avance vers la vallée. La maison est bâtie sur deux murs en béton teinté à l'oxyde de fer. On accède à l'intérieur par un parcours qu'Antonio dit inspiré par les théories de Le Corbusier. Une appropriation progressive de l'espace construit.
Intérieur avec de grands volumes. Immenses baies vitrées. On profite du décor magique au maximum, c'est l'idée. Même quand on est aux toilettes, on est face aux baies vitrées, avec vue sur les montagnes. Antonio me fait visiter pièce par pièce sa maison. Le toit de la maison est en fait une immense terrasse à laquelle on accède par une rampe, qui fait progressivement découvrir le paysage sauvage du vallon, avec au loin les montagnes.
Antonio me raconte comment il perçoit l'urbanisme chinois, au niveau de la mentalité, de l'approche, de la manière de gérer le développement urbain. Bridés par 50 ans de communisme, les chinois se lâchent. Double mouvement : positif, parce qu'ils sont ouverts à toutes les expériences, mais négatif aussi parce que çà part dans tous les sens, sans aucune régulation du système. "Ils vont trop vite", me dit Antonio. "Ils font n'importe quoi en matière d'urbanisme, par exemple ce qui est en train de se passer à Pékin…"

La nuit tombe. Nous avons négocié la nuit dans "Split House", une de ces maisons ultra moderne. Celle ci a été conçue et construite par un architecte chinois, qui travaille maintenant aux Etats Unis. En fait les chinois ne l'aiment pas trop cette maison (je trouve que c'est une des plus réussies !).
Yo s'est inspiré de l'habitat traditionnel, pour éclater le concept de la cour carrée (d'où "Split House"). Une cour sépare deux ailes rectangulaires. Matériaux bruts. Simplicité. Minimalisme. Quatre chambres, quatre terrasses en bois face à la montagne, sans vis à vis. La maison a bien fait les choses. Une bouteille de champagne nous attends dans le salon. Le temps d'une nuit, on peut se prendre pour cette clientèle de luxe qui vient chercher ici l'échappatoire à l'enfer urbain de la capitale.


Mardi 2 Octobre

Lever à 5 heures ce matin.
L'air frais. Une petite brise qui secoue les arbres, juste à côté. Une sorte de faisan énorme traverse juste devant moi. Pied nu sur le bois de la terrasse, face au vallon sauvage. Cà pourrait être pire…

Après un petit déjeuner rapide, j'ai voulu profiter des belles lumières matinales. Nous montons dans la forêt, pour déboucher sur une partie non restaurée de la fameuse Grande Muraille. Privilège difficile à mesurer : nous sommes seuls ! Le vent dans le dos, nous filons sur un petit sentier. La végétation a parfois totalement envahi ce qui était le cheminement ou les escaliers. Parfois la muraille s'est écroulée sur le côté, et même, là bas, plus loin, elle a complètement disparue. Là bas, dans la vallée, il y a le grondement des véhicules sur la voie rapide. En face, la perspective de la muraille, qui serpente de crête en crête. L'image classique de cette étonnante barrière.

Puis nous redescendons. Taxi, pour rejoindre Badaling, l'un des accès les plus fréquentés de la Grande Muraille, la partie restaurée, et l'endroit où on a les meilleurs points de vue en hauteur. Mais c'est la cohue aujourd'hui, à cause de la semaine de vacances. Deux files de bus bloquent la voie rapide. Il reste quatre kilomètres pour rejoindre le parking…  Impossible d'avancer plus loin. Nous faisons demi tour. Et rejoignons un autre accès, plus proche, et tout aussi fréquenté…
Nous commençons par la droite. Escalier raide, le vent qui souffle à travers les créneaux, heureusement, nous rafraîchit un peu !

Puis nous redescendons, et montons de l'autre côté. C'est là où il y a le plus de monde. De la folie… Nous sommes les seuls étrangers, la foule est constituée de touristes chinois, qui profitent des fêtes nationales de cette semaine pour visiter leur pays. C'est la bousculade dans les escaliers. Il y a les vendeurs de souvenirs, t-shirts, saucisses, glaces, bouteilles d'eau, certificats d'ascension de la muraille, photos numériques en tenue d'époque (incrustées directement sur Photocheap sur place), etc, etc… Tout le monde se bouscule, transpire, souffle, éructe, crache, en grimpant la pente raide des marches pour atteindre les tours des niveaux supérieurs. Une femme vomit dans l'escalier. On écarte les gamins juste en âge de marcher, en les tirant violemment sur le côté, pendus par le bras. Hurlements supplémentaires.
En me retournant, j'aperçois en bas une chinoise qui se fait porter en chaises à porteurs, en tenue d'époque. Un viron de quelques dizaines de mètres sur le parking, au milieu des bus, accompagné d'un tambour. Deux minutes pour se prendre pour une princesse. Plus haut, on peut - grâce à un escabeau métallique - grimper sur un chameau (oui, deux bosses), pour se faire immortaliser devant la Grande Muraille. Mais la formule ne fait pas recette aujourd'hui, la bestiole au pelage malade poireaute sur une terre plein, attachée à son piquet.
Nous voici à plus de 250 mètres au dessus de la zone des parkings. Plus loin, la muraille s'effrite à nouveau. Impossible d'aller plus loin. Suffisant pour les plans dont nous avons besoin.

Début d'après midi.
Taxi pour Pékin.
Travelling sur l'autoroute, avec les chantiers de la banlieue. Nous entrons dans la ville en la contournant par le nord est, par le cinquième périphérique (Y'en a six). Changement de décor…

Pékin. La capitale. 14 millions d'habitants. Je suis venu il y a 20 ans, et ensuite revenu il y a 10 ans. Je ne reconnais pas la ville… Pékin fait peau neuve, à l'approche des JO. La métropole est un vaste chantier. Si les immenses avenues taillées au cordeau à l'époque Mao avaient déjà éclaté le modèle ancien de la ville la plus plate du monde (aucun toit ne devait dépasser ceux du palais de la Cité Interdite à l'époque des empereurs), les dix dernières années ont totalement modifié le centre ville, et aussi la périphérie. Les promoteurs grignotent ce qui reste du centre ancien. Et c'est la course contre la montre pour 2008. On démolit. On reconstruit. Chantier 24h/24.
Des milliers de chinois déambulent dans l'immense rue piétonne, pas très loin de la cité interdite. Hier c'était les festivités de la fête nationale, avec défilé sur la place Tien An Men. Un peu notre 14 juillet à nous.
La nuit tombe d'un coup sur les avenues envahies par des groupes de chinois bruyants. Je me sens tout à coup débordé par tant de mouvement, par cette foule. L'ambiance est vraiment différente de Shanghai, mais comment la décrire ? Une bonne nuit de sommeil m'y aidera peut être…


=:-)



Etape suivante : Pékin

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